Des eaux limpides
Jusqu’à récemment, il était difficile de croire qu’une masse d’eau aussi vaste que les océans du monde puisse être menacée. Pourtant, c’est bien le cas. Les produits pétroliers ont causé d’énormes dégâts à l’océan et à ses habitants.
À l’heure actuelle, le principal carburant des navires est le diesel et les produits raffinés. Les émissions de polluants dans l’eau, y compris la suie et le mazout, les déversements fréquents, les accidents, les opérations de lavage et de nettoyage des réservoirs de carburant et des machines, ont entraîné l’arrivée de grandes quantités de produits pétroliers dans la mer.
En raison de leur légèreté, les substances raffinées se répandent à la surface de l’eau sous la forme d’une fine pellicule. En se répandant, elles perturbent les échanges d’humidité, de gaz et de chaleur entre l’eau et l’air. Ces substances nocives ont tué de nombreux organismes marins dans la zone la plus peuplée de l’océan, la couche d’eau supérieure, et près des côtes.
Les particules flottantes de produits pétroliers attirent divers petits animaux marins qui s’y fixent. Les poissons et les mammifères marins se nourrissent de ces “petites choses” et ingèrent le pétrole en même temps que leur nourriture. Certains poissons en meurent, d’autres voient tous leurs tissus imprégnés de pétrole.
Les pêcheurs souffrent également de ce phénomène : ils doivent jeter une partie considérable de leurs prises en raison de l’odeur et du goût désagréables de l’huile. Malheureusement, il existe aussi des “bonnes âmes” qui apportent sur nos tables des poissons imbibés d’huile…
Toutes sortes d’impuretés et de déchets se retrouvent dans l’eau, sous une forme plus ou moins transformée, et sont à l’origine de phénomènes dangereux tels que la prolifération d’algues toxiques et nocives. Quelles sont les causes de ces proliférations ? La réponse ne surprendra personne : il s’agit de rejets industriels et anthropogéniques contenant de grandes quantités d’éléments biogènes (nutriments) et de substances organiques facilement assimilables, étrangères à l’écosystème marin.
Certaines algues et protozoaires nuisibles produisent des toxines qui sont nocives pour les invertébrés, les poissons et les humains. Certaines toxines sont inoffensives pour les invertébrés, dans l’organisme desquels elles s’accumulent, mais lorsqu’elles entrent dans la chaîne alimentaire et atteignent des organismes supérieurs, elles provoquent la mort, y compris celle de l’homme. Au niveau mondial, les intoxications dues à la consommation de poissons, de crustacés et d’autres fruits de mer contenant des phycotoxines (substances toxiques produites par les algues) ont été multipliées par des dizaines de milliers.
Il existe une autre forme de pollution, celle des sédiments des fonds marins. Elle est moins visible à l’œil nu que les écoulements de fioul à la surface des océans du monde. Les rivières, la fonte des glaces, les eaux souterraines, les tempêtes de pluie… apportent continuellement à la mer des quantités de sédiments difficilement mesurables. Aujourd’hui, l’homme joue un rôle majeur dans la formation des sédiments marins. Les sédiments recouvrent la quasi-totalité des fonds marins.
Souvent, les constituants des sédiments marins proviennent de loin et transportent divers matériaux terrestres, auxquels s’ajoutent de plus en plus d’impuretés techniques provenant d’activités industrielles. Par exemple, la production annuelle de plomb dans le monde est d’environ 3 millions de tonnes. Grâce aux progrès réalisés dans l’étude de la circulation atmosphérique, on sait déjà que 0,1 % de cette substance toxique entre dans l’atmosphère, puis se précipite sur la terre et pénètre dans l’océan…
Les poussières issues des explosions atomiques et d’hydrogène entraînent des changements importants dans les retombées. Elles s’élèvent dans l’air et sont transportées à des dizaines de milliers de kilomètres. (Pour information : lors de l’explosion d’une bombe à hydrogène, 10 à 100 millions de tonnes de poussière sont libérées dans l’atmosphère et la stratosphère). Les sédiments apportés par les continents et formés par l’activité des organismes marins, en fonction des conditions de sédimentation, sont mélangés dans des proportions diverses.
Une prolifération rapide d’algues et des efflorescences ont été observées à la suite de rejets de déchets marins. Avec les micro-organismes, les algues constituent l’un des premiers maillons de la chaîne alimentaire des poissons…
…Selon les conditions, différentes formes de plantes et d’animaux se développent dans chaque zone de l’océan. Cet empoisonnement réduit le nombre de poissons dans la mer et prive les populations côtières de leurs moyens de subsistance.
Les oiseaux de mer pris dans le pétrole déversé à la surface de l’eau meurent rapidement et douloureusement en raison de la dissolution de la graisse de leur plumage…
Les prédateurs, qui sont nombreux, sont affectés par la réduction de la quantité de nourriture qu’ils consomment normalement. Dans le même temps, certaines espèces voient disparaître leurs prédateurs naturels, ce qui entraîne un déséquilibre de l’écosystème marin. Autre conséquence de la mauvaise gestion des entreprises au cours des dernières décennies : le pétrole qui suit les courants marins rend de plus en plus de zones de villégiature impropres aux vacances à la plage.
Toutes les pollutions naturelles de l’océan – ruissellement dû à l’érosion des roches, matières organiques dans les rivières, cendres volcaniques dans l’eau… – sont parfaitement équilibrées par la nature. – est parfaitement équilibrée par la nature. Les organismes marins sont adaptés à ce type de pollution et ne peuvent d’ailleurs pas s’en passer.
Dans le système écologique complexe des océans du monde, toutes les substances qui pénètrent dans l’eau de manière naturelle et dans des quantités et des concentrations appropriées sont recyclées avec succès, sans nuire aux habitants de la mer, et la mer reste propre.